L’époque contemporaine
Cette période commence dans la deuxième partie du XXe siècle. Il devient difficile de donner une tendance puisque plusieurs formes de langages vont coexister. La révolution musicale se poursuit, notamment avec le compositeur autrichien Arnold Schönberg (1874-1951), qui fut le premier à s’affranchir de la musique tonale. Rappelons que la tonalité est la note de référence autour de laquelle sont écrites les autres notes. C’est ce qui donne une couleur au morceau (on parle par exemple d’une œuvre en sol mineur). Avec Schönberg, ce système éclate. Il n’y a plus de tonalité mais un système de douze sons, le « dodécaphonisme », qui permet d’organiser un cadre formel à ces sons et qui se substitue au système tonal (tous les sons sont égaux) : c’est la naissance de la « musique sérielle ».
Citons l’une de ses œuvres les plus connues : Pierrot lunaire.
Extrait de Pierrot lunaire d’Arnold Schönberg
À cette époque, la musique se développe dans une pluralité de style, dont voici quelques exemples.
La « musique répétitive » de Steve Reich (né en 1936) crée une musique avec des courts motifs qui sont repris de manière régulière (on parle aussi de « courant minimaliste »).
L’une de ses œuvres les plus connues est Musique pour 18 musiciens.
Extrait de Musique pour 18 musiciens de Steve Reich
La « musique expérimentale » : le compositeur John Cage invente le « piano préparé ».
Le concept repose sur une modification du son du piano (hauteur, timbre, durée des notes…). Pour cela, le musicien doit placer des objets à l’intérieur du piano et sur les cordes (morceaux de papier, balles, pièces de bois ou de plastique…).
Dans le lien ci-dessous, nous pouvons voir un musicien préparer son piano pour jouer une œuvre de Cage.
Exemple de piano préparé
Exemple de musicien préparant son piano
La « musique électroacoustique » de Pierre Henry.
L’invention de l’électricité a eu des conséquences sur la musique. Les sons, de toutes provenances, peuvent être transformés, amplifiés, et des sons réels sont enregistrés pour être introduits dans des compositions.
Pierre Henry, considéré comme le père de la musique électroacoustique, compose en 1963 Variations pour une porte et un soupir en utilisant pour seule matière sonore le son du grincement d’une porte !
Extrait de Variations pour une porte et un soupir, de Pierre Henry
Par ailleurs, haut-parleurs et ordinateurs vont progressivement se retrouver au service de la composition. Les musiciens sont également techniciens et ingénieurs du son : enregistrements de sons synthétiques, collages, mixages... la création musicale est assistée par ordinateur (MAO). Citons par exemple la célèbre Messe pour le temps présent, de Pierre Henry, composée en 1967 à partir de sons électrifiés ‒ mais pas que… ‒ avec des effets sonores extraordinaires.
Extraits de Messe pour le temps présent
Le développement des musiques actuelles au XXe siècle
Le XXe siècle est également le siècle qui, avec le développement des progrès techniques, voit apparaître de nouveaux styles musicaux. Ne pouvant être classées ni dans la musique savante (classique, romantique…) ni dans la musique traditionnelle, de nouvelles formes musicales continuent de voir le jour sous les vocables « musiques actuelles » ou « musiques amplifiées ».
Voir l'article sur l'époque moderne
Dans les années 1960, un mouvement de rock and roll blanc se développe : Elvis Presley, surnommé « Le King », s’inspire fortement de la musique noire américaine. Par la suite, il n’y aura plus de clivage entre la « musique noire » et la « musique blanche ». Les groupes s’inspirent de la culture et des influences des uns et des autres. Le phénomène de groupes mondialement connus voit le jour avec les Beatles, les Rolling Stones, les Who… groupes qui déchaînent les foules et se produisent à travers des concerts et des tournées spectaculaires.
Elvis Presley, Blue Suede Shoes (1956)
Les Beatles, Twist and Shout (1964), un aperçu de la Beatlemania lors d’un concert
D’autres courants musicaux apparaissent après les années 1960 et cohabitent dans un paysage musical très diversifié.
Le « punk » est apparu dans les années 1970. C’est un genre dérivé du rock and roll et associé au mouvement punk, qui délivre dans des chansons assez rudes des messages politiques. Les Sex Pistols et The Clash seront les pionniers de cette musique.
The Clash, London Calling (1979)
Le « reggae » émerge à la fin des années 1960. C’est une musique populaire jamaïcaine, fusion de différents courants musicaux comme le jazz, le rock, mais aussi de diverses musiques africaines. Cette musique est reconnue internationalement et son principal porte-parole fut Bob Marley.
Bob Marley, One Love (1977)
Le « hard rock » est apparu à la fin des années 1960 et se popularise avec des groupes comme AC/DC ou Led Zeppelin. Par extension, l’expression « hard rock » est également utilisée pour désigner des genres comme le heavy metal afin de les distinguer de la pop et du rock.
Led Zeppelin, Stairway to Heaven (1975)
Le « grunge » est apparu au milieu des années 1980. C’est une sorte de dérivé du rock et du heavy metal. Il connaîtra le succès commercial avec le groupe Nirvana au début des années 1990.
Nirvana, Smells Like Teen Spirit (1991)
Le « rap » (« Rhythm and poetry ») est dérivé du mouvement hip-hop, qui est né dans les ghettos aux États-Unis au milieu des années 1970. Ce sont des phrases scandées sur un rythme saccadé et répétitif, souvent accompagnées musicalement par des samples (c’est-à-dire des échantillons d’extraits musicaux déjà existants). Les thèmes évoqués concernent généralement la pauvreté, la vie dans les banlieues, la drogue.
Wu-Tang Clan, Method Man (1993)
De nombreux styles musicaux se créent, se mélangent et s’enrichissent : techno, dub, R’n’B, pop, électro, etc. Le champ musical contemporain connaît un nombre impressionnant de déclinaisons !
En 1982, les deux géants du disque, Sony et Philips, font graver les premiers compact discs (CD), nouvelle révolution technologique et musicale. Le succès sera immédiat : non seulement on mettra en avant la qualité du son mais aussi « l’objet », qui fera le délice des passionnés de musique et des collectionneurs.
Aujourd’hui, cet objet est déjà nettement concurrencé par la multiplication des lecteurs de fichiers MP3, d’une capacité supérieure. La création de plates-formes de streaming musical permet aujourd’hui d’écouter de la musique de façon illimitée, gratuitement ou pour le prix d’un abonnement mensuel modique... Si la musique téléchargeable se commercialise à vitesse grandissante, on peut toutefois noter le retour du vinyle(*) chez les amateurs de musique qui amène certains collectionneurs à payer une fortune pour des disques désormais difficiles à trouver.
(*) Support d’enregistrement sonore prenant la forme d’un grand disque noir.
Retour sur Encyclopédie de la musique - Histoire de la musique